Comment écrire un thriller à quatre mains ? Il se trouve que j’ai l’habitude d’écrire à deux ; la plupart de mes livres ont été co-signés. Mais il s’agissait d’essais, de témoignages, d’une biographie. Soit j’ai écrit l’ensemble sur la base de la matière apportée par mon ou ma partenaire ; soit l’écriture était partagée, chaque chapitre était signé et peu importait qu’on sente une différence de style. Ici, il ne fallait pas qu’on la sente. Mais peut-on la gommer ?
J’ai eu le plaisir de servir de conseiller littéraire à Bénédicte Delrieu et l’aider à finaliser son premier roman, Hominum Salvator, paru en 2017. C’était déjà un entre-deux, mi roman social, mi-polar, une bonne histoire parlant de la quête du bonheur. Nous nous sommes revus, et l’idée est née d’en écrire un autre. Toujours sous forme d’enquête de la commissaire Clara Weber, à Genève, parlant cette fois de la quête de l’amour à travers les sites de rencontre. Mais à deux. A fonctions et parts égales.
Bien sûr, nous n’écrivons pas de la même manière. Et tant mieux. Mais ça ne devait pas gêner la lecture. Nous avons donc conçu un scénario qui permettait de répartir assez naturellement la plupart des chapitres. Mais pas tous. Inévitablement, nous avons eu quelques divergences ; les chapitres ont multiplié les allers-retours entre nous, sans cesse retouchés, enrichis. C’était usant parfois, c’était stimulant souvent. J’ai beaucoup appris de cette expérience que nous allons sans doute prolonger. Et je vous mets au défi de déterminer avec certitude ce qui a été rédigé par l’une ou par l’autre !
Alain Maillard
