Notre étudiant, Laurent Jay, nous parle de son parcours, de son livre et de sa formation.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis développeur en informatique depuis quelques années (décennies en vérité). Je passe donc l’essentiel de mon temps à écrire des lignes de code. Je n’ai pas fait d’études littéraires. Je ne sais pas si c’est une chance ou une terrible lacune, mais je sais que la littérature a toujours été présente dans ma vie, depuis mon plus jeune âge. Je ne me sens donc pas particulièrement handicapé dans ce domaine. Mon temps libre, je le passe à écrire des histoires « à suspense » qui s’inspirent d’événements réels. Ce sont des romans réalistes qu’on pourrait classer dans les catégories « thriller-polar-roman-noir ». Au choix (de l’éditeur). Je viens de finir le manuscrit de mon deuxième livre et j’ai attaqué le troisième. Ce dernier pourrait d’ailleurs être très différent des deux premiers, avec (peut-être) une dimension fantastique. Je ne sais pas encore. Il se pourrait bien que j’accouche d’un roman-réalité. Tout est possible. Ce n’est pas vraiment moi qui décide, c’est plutôt l’histoire que je tente de raconter qui impose son genre littéraire. Pour ce troisième roman par exemple, je m’inspire d’un événement mystérieux qui s’est produit dans les années 1950 en Sibérie. Rien à voir donc avec mon premier livre, « La Faille Ethics », un polar-thriller financier.
Pouvez-vous nous présenter votre livre ?
Il y a un peu plus de dix ans, je travaillais pour une société financière de la place genevoise et certains événements vécus m’ont inspiré l’intrigue de base de « La Faille Ethics ». J’ai aussi retrouvé un carnet de cette époque sur lequel j’avais couché mes premières tentatives d’écriture de roman. Avec ma position de développeur en informatique, j’avais à la fois une place privilégiée d’observateur et un regard décalé, car je n’étais pas au cœur du système. C’était une chance. J’aime les romans qui dépeignent un univers réaliste, à la limite d’un roman-réalité comme « De sang-froid » de Truman Capote ou encore « L’Adversaire » d’Emmanuel Carrère. Mais « La Faille Ethics » est avant tout une fiction. Il s’agit d’un polar, une histoire qui tente d’aborder la question de l’éthique dans la finance. La gestion du suspense était au cœur de mes préoccupations. J’ai donc beaucoup travaillé l’intrigue et la distribution de l’information. C’est un exercice très subtil et très délicat. Les personnages aussi ont nécessité beaucoup de travail de réécriture, pour leur donner de l’épaisseur. J’ai constamment cherché à les mettre en contradiction avec leurs propres valeurs. Mon protagoniste par exemple doit faire des choix qui sont souvent à l’opposé de ce qu’il estime juste de faire. Ensuite, localiser l’histoire à Genève fut facile et naturel, car je suis moi-même un Genevois d’origine française. Je connais donc assez bien certains secteurs de la ville. J’ai pris quand même un risque en traitant un sujet extrêmement technique comme celui de la finance et du trading algorithmique. Ça peut sembler un peu hard-core de prime abord, mais je fais confiance aux lecteurs. Ce sont les co-auteurs de mon roman. Ils sont capables de contextualiser certains termes techniques sans même saisir leur sens intrinsèque. J’ai eu de nombreux retours enthousiastes de lecteurs qui ne connaissaient rien à cet univers, mais qui ont énormément apprécié leur expérience de lecture. J’ai eu raison de m’appuyer sur l’intelligence des lecteurs. Je crois qu’il est inutile de sur expliquer son texte. Je vais même plus loin : il faut ignorer son lecteur. C’est la meilleure manière de le respecter.
Pourquoi avez-vous choisi la formation proposée par Désir d’écrire ? A-t-elle été bénéfique pour votre projet ?
J’ai fait plusieurs tentatives d’écriture de mon roman dans le passé. Je n’y arrivais pas. J’avais un regard suffisamment critique sur mon texte pour comprendre qu’il ne fonctionnait pas. Je me suis donc mis en quête d’une formation pour « apprendre à écrire » et je suis tombé, complètement par hasard, sur Désir d’écrire via Google. La souplesse de la formation à distance me convenait et la formule également, basée en partie sur des exercices réguliers évalués par un conseiller littéraire. J’ai appris les bases avec Désir d’écrire. J’ai appris la structure d’un roman. J’ai appris le travail du style. J’ai appris à organiser mon emploi du temps. Et surtout, j’ai eu un regard bienveillant, mais objectif, sur mon texte. Je peux le dire, c’est grâce à cette formation que j’ai pu finir le premier jet de mon roman. J’en profite pour remercier Alain Jamot, pour ses conseils de qualité et ses encouragements.
Quelles sont, selon vous, les qualités essentielles pour écrire un livre ?
Il faut beaucoup de persévérance et de cran pour terminer un roman qui fonctionne. C’est la première des qualités. Mais il ne faut pas confondre volonté et persévérance, ce ne sont pas les mêmes choses. La volonté seule ne suffit pas. Beaucoup de gens « veulent » écrire un livre, mais je ne sais pas combien d’entre eux développent le cran nécessaire pour le faire. Il faut aussi beaucoup de régularité (et donc de persévérance, les deux qualités sont étroitement liées). Dans mon cas, la régularité est indispensable. J’ai dû insérer dans ma routine quotidienne un « lieu espace-temps » réservé à l’écriture, sans autres distractions qui parasitent ce moment. Dernièrement, je lisais les carnets d’écritures de John Steinbeck, ceux qu’il a rédigés pendant l’écriture de son célèbre « Les raisins de la colère ». Il décrivait son processus d’écriture et ses difficultés, notamment dans la gestion de son planning. Il était complètement obsédé par le temps qui passe. Une phrase tirée de ces carnets m’a marqué : « Le problème quand on est trop décontracté avec un manuscrit, c’est qu’on n’avance pas. Pour l’écriture, l’habitude semble une force bien plus efficace que la volonté ou l’inspiration ». Je pense qu’il avait raison (il n’a pas eu le prix Nobel pour rien quand même). Une dernière qualité qui peut paraitre stupide à rappeler : il faut aimer lire pour pouvoir bien écrire. Il faut donc beaucoup lire. Autant que possible. Pas forcément dans son genre de prédilection. Personnellement, j’écris des polars-thrillers, mais je lis aussi de la littérature blanche. Peu importe, ce que vous lisez, il faut aimer lire.
Comment avez-vous publié votre livre ?
J’ai choisi la méthode classique, envoie du manuscrit par la poste ou par email, à des maisons d’édition identifiées comme potentiellement intéressées. Beaucoup de refus et quelques réponses positives. Environ 3 sur 30, c’est un bon ratio pour un auteur complètement inconnu. J’ai eu de la chance. J’ai pu choisir au final l’éditeur qui a le mieux compris mon texte, PLF Editions, en 2018. Ensuite, le processus éditorial a été très long et la COVID a repoussé la date de publication. Mon manuscrit était « fini » en 2019, mais j’ai dû attendre janvier 2021 pour le voir publier. Heureusement, je suis d’un naturel patient. Voici une autre qualité indispensable pour écrire un livre.
Retrouvez également l’interview de Laurent Jay réalisé par la RTS
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