Découvrez l’interview d’Anne-Sophie Kalbfleisch, lauréate du Prix des lecteur.ices Quais du polar – Le Figaro dont Désir d’écrire est partenaire.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J’ai fait des études scientifiques, mais en parallèle j’écris depuis l’enfance. J’ai participé à plusieurs concours d’écriture, notamment le Prix du Jeune Écrivain (France) et le Prix Interrégional Jeunes Auteurs (Suisse). Je suis ingénieure, j’ai travaillé dans un laboratoire de recherche, puis je suis devenue enseignante de physique il y a cinq ans. Ce métier me permet de travailler à temps partiel et ainsi me donner du temps pour écrire. Mon premier roman, Eureka dans la nuit, est sorti en 2024.
Qu’est-ce qui vous a amenée à l’écriture ?
Je fais partie de celles et ceux qui écrivent depuis toujours, je ne sais pas vraiment ce qui m’a amenée à écrire. Dès que j’ai su écrire j’ai commencé à écrire des histoires, des poèmes, de tout.
Souvent, quand je lisais un livre qui me marquait ou que je voyais un film qui me marquait, j’avais envie de me le réapproprier. Mon apprentissage c’est fait un peu par plagiat. A l’époque j’ai par exemple écrit une variante de Fifi Brindacier.
A 14 ans j’ai envoyé un premier roman à une maison d’édition, qui a été refusé. Je suis Belge, ce premier roman était écrit en néerlandais, c’était la suite d’une rédaction demandée à l’école.
Après, ce qui a amené un nouveau souffle, c’est un atelier d’écriture que j’ai suivi. Dans le cadre de cet atelier, l’animatrice a proposé de participer à un concours d’écriture belge, et j’ai été lauréate. Cela m’a permis de rencontrer d’autres personnes qui écrivaient, d’avoir une première reconnaissance. Ensuite, j’ai participé à de nombreux concours d’écriture.
Comment s’est passé l’écriture d’Eureka dans la nuit ?
Avant Eureka, j’avais déjà essayé d’écrire plusieurs romans. J’ai dû faire preuve de beaucoup de persévérance pour Eureka, c’était très long car j’ai été interrompue par plusieurs évènements : mon travail, la naissance de mon enfant. Je devais sans cesse reprendre le fil là où je l’avais laissé.
Ce qui était le plus dur pour moi c’était d’être interrompue alors que je voulais continuer à écrire, c’était très difficile de dégager du temps, d’avoir des interruptions de plusieurs mois.
C’est un roman qui développe une intrigue avec trois personnages, trois points de vue, et des allers-retours dans le temps, il fallait tout coordonner en quelque chose de fluide et cohérent.
Plusieurs fois j’en ai eu marre. Mais j’ai continué, parce que pour moi abandonner ce roman n’était pas une option, l’écriture fait partie de qui je suis. Je n’ai pas commencé un autre projet par loyauté envers mes personnages et mon roman, j’avais une sorte de responsabilité de les amener au bout, d’aller au bout de ce qu’ils me racontaient.
Comment s’est passée la recherche d’éditeur ?
Quand le roman a été terminé, j’ai envoyé le manuscrit par la poste à une dizaine de maisons d’édition. J’ai reçu des lettres de refus types et c’est Acte Sud qui a envoyé mon manuscrit aux Éditions du Rouergue, car ils trouvaient que cela correspondait plus à la ligne éditoriale de cette maison.
Quand je recevais une lettre de refus, j’étais à la fois déçue, mais confiante que ça allait finir par arriver. Et pour conjurer l’angoisse de l’attente, j’ai tout de suite commencé à en écrire un deuxième, ça m’a distraite de cette potentielle angoisse.
Que représente pour vous la participation à un festival comme Quais du polar ?
C’est une chance et une reconnaissance. Ce sont les libraires qui sélectionnent les romans, ça me touche de voir qu’ils soutiennent Eureka. Que même si c’est un premier roman, il arrive à aller jusque-là.
C’était très intense, il y a eu le prix, et donc beaucoup de dédicaces, de rencontres. J’ai beaucoup apprécié les rencontres avec les autres auteur.ices aussi. C’était un peu une sorte de tourbillon.
Identifiez-vous votre roman comme étant un polar ?
Ce n’était pas un but en soi en tout cas. Et puis par après mon éditrice a repéré des éléments qu’on retrouve dans un polar : un enquêteur, une disparition. Ce n’était pas le but au départ, l’histoire est venue comme ça et ces éléments étaient là, mais je ne m’étais pas dit à l’avance que je voulais écrire un polar.
J’ai l’impression que l’intrigue permet d’amener une sorte de plaisir de lecture et de tension narrative, comme un fil rouge qui relie le tout. L’enquêteur et l’enquête, et donc le côté polar, est comme la colonne vertébrale du roman, ce qui tient ensemble sa structure complexe.
Que représente être lauréate du Prix des lecteurs Quais du polar ?
Une belle reconnaissance et un encouragement. Je ne m’y attendais pas du tout, surtout parce que c’était un premier roman et que j’étais face à des auteur.ices confirmé.es, reconnu.es, je me disais que mes chances étaient minces. Ca me donne confiance pour l’écriture de mon nouveau projet.
Nous remercions chaleureusement Anne-Sophie d’avoir répondu à nos questions.
Crédit photo : Karel Duerinckx